Guinée :  une mission de la CPI à Conakry

Une délégation de la Cour pénale internationale (CPI) séjourne actuellement à Conakry, dans le cadre du suivi du procès relatif aux événements du 28 septembre 2009. Comme chaque année, cette mission vise à accompagner les autorités guinéennes dans la conduite de la procédure judiciaire en cours. Ce procès porte sur les violences survenues au stade de Conakry, au cours desquelles plus de 150 personnes ont été tuées et de nombreuses femmes victimes de violences sexuelles.

L’ancien chef de la junte, Moussa Dadis Camara, condamné pour crimes contre l’humanité, a été gracié en mars 2025 pour  des raisons de santé par le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya. Cette décision intervient moins d’un an après sa condamnation et avant l’ouverture d’un éventuel procès en appel, ce qui suscite diverses réactions.

Depuis l’ouverture du procès en 2022, la CPI a mené plusieurs missions en Guinée afin de suivre l’évolution de la procédure. Le procureur Karim Khan s’était rendu à Conakry à cette occasion et avait salué le démarrage du procès, 13 ans après les faits. Un mémorandum d’accord signé avec les autorités guinéennes encadre cette coopération. Selon son article 4, la CPI pourrait intervenir directement dans l’affaire si elle estime que des mesures compromettent significativement le déroulement de la justice.

Certains acteurs, notamment des représentants de la société civile, ont exprimé des préoccupations concernant la grâce présidentielle. Alseny Sall, chargé de communication de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme (OGDH), souligne que cette mesure est généralement attendue après une décision judiciaire définitive. Il estime que son application avant un jugement en appel pourrait poser des questions sur le respect des principes du procès équitable.

L’OGDH a également signalé des préoccupations relatives à l’indemnisation des victimes. D’après l’organisation, seules 334 victimes seraient actuellement prises en compte, alors que près de 500 personnes s’étaient constituées parties civiles lors du procès.

rfi