Beaucoup d’entreprises occidentales sont devenues soucieuses de leur emprunte carbone et favorisent des actions de reforestation. A l’autre bout de la chaîne, en Afrique, l’agrobusiness est avant tout préoccupé par ses rendements. Mais la démarche environnementale n’est pas pour autant absente.
Le capitalisme est-il compatible avec l’écologie ? C’est l’une des questions philosophiques qui traverse l’Occident en ce 21e siècle. Très concrètement de plus en plus d’entreprises veulent planter des arbres pour atténuer leur emprunte carbone. Stephane Hallaire.
« Les entreprises sont à la recherche d’actions pertinentes, tangibles et mesurables sur l’environnement dans le cadre de ce que l’on appelle la démarche RSE. Responsabilité sociétale des entreprises. Or, ce qu’on leur propose, c’est justement ça. Des projets visibles et mesurables et qui ont un impact fort à la fois sur le climat, la biodiversité et aussi sur le développement social, notamment quand on est dans des régions où les populations vivent avec moins de deux dollars par jour. »
Stephane Hallaire dirige Reforest’action, une entreprise qui se propose de reboiser grâce aux fonds débloqués par les entreprises. Il travaille dans une quinzaine de pays. Au Sénégal, près d’un million d’arbres ont été plantés. Cette démarche très tendance en Europe est-elle valable pour les entreprises africaines ? Réponse Stephane Hallaire.
« C’est avant tout occidental, je crois. On est dans une phase de développement aujourd’hui où l’on remet en question le modèle économique. On a besoin de se retrouver nous-même, nos fondatementaux, et besoin de faire un lien avec la nature. Chez Reforestaction, il nous arrive de travailler avec des acteurs économiques locaux, mais c’est anecdotique. »
Claude Wilfied Etoka est l’un des hommes d’affaires les plus importants du Congo. Son groupe de trading pétrolier se diversifie et investit actuellement dans l’agrobusiness. Depuis quatre ans, Eco Oil Energy, rachète les plantations de palmier à huile et développe de nouvelles filières. S’il veille à ne pas déboiser, sa priorité reste cependant la rentabilité.
« Aujourd’hui le Congo a besoin de diversifier son économie. On était dans l’activité pétrolière, on s’est dit qu’il fallait aller vers le secteur primaire et développer les différentes filières pour enrayer le chômage. Par exemple dans le secteur du palmier à huile, on emploie seize personnes par hectare. Lorsque vous faites deux cent mille hectares, vous voyez ce que cela peut donner. Donc on peut vraiment, dans le développement du secteur agricole, embaucher près de 80% des Congolais. »
L’Europe et l’Afrique n’ont pas les mêmes priorités et donc des façons différentes d’aborder la question écologique. D’où l’intérêt d’un dialogue approfondi pour éviter un jeu à somme nulle à l’échelle globale.