Les petits commerces de proximité en Afrique sont les grands absents du développent numérique du continent. Des « oubliés » de la Toile et des smartphones que la nouvelle plateforme Web Métiers.africa tente aujourd’hui de reconnecter au cœur des mégalopoles africaines.
Le phénomène peut sembler à première vue complètement paradoxal, mais l’inclusion numérique des populations du continent en milieu urbain, qui, normalement, aurait dû être facilitée par la multiplication des plateformes web et mobiles, affiche aujourd’hui quelques trous dans la raquette. Les grands perdants de la numérisation des villes sont ces millions de petits artisans comme les maçons, les peintres, les plombiers, les mécaniciens, les couturiers et autres, qui ont été dépossédés de leur approche séculaire consistant autrefois à bénéficier du contact direct et de la recommandation de leurs clients.
« Un déploiement sur tout le continent »
Impossible pour la plupart d’entre eux de se faire connaître s’ils ne disposent pas des moyens de promotion et de visibilité qu’offre actuellement la Toile. C’est la raison pour laquelle la fondation Kundi Africa, composée exclusivement d’entrepreneurs issus du continent, a décidé de créer cette plateforme numérique intitulée Métiers.africa qui recense quartier par quartier tous les artisans de proximité exclus de la connexion dans les grandes villes.
Aucune arrière-pensée marchande ne motiverait les créateurs de la plateforme, dont le principe de fonctionnement prendrait même le contrepied de « l’urberisation » galopante des métiers, en Afrique comme ailleurs, précise depuis Cotonou au Bénin, Kwame Senou à l’origine du projet. « Nous ne voulons surtout pas faire de l’uberisation. Nous voulons juste mettre en contact les particuliers qui ont des besoins avec des artisans qui peuvent satisfaire ces besoins. Nous nous voyons comme un écosystème où vous aurez demain des assurances-vie, de l’assurance éducation, du micro-crédit, du prêt, et pourquoi pas des payements par carte bancaire ou par payement mobile. Dans un premier temps, le test se passe au Bénin et au Togo. Après, on aura le Nigeria où la collecte des informations a commencé, la Côte d’Ivoire, et des partenariats au Rwanda qui sont bien avancés. L’idée, c’est d’avoir un déploiement sur tout le continent. »
Les services en ligne et les applications pour mobiles développés par Métiers.africa sont totalement gratuits. Pour les artisans et leurs éventuels clients qui ne seraient ni francophones ni anglophones, cette mise en relation s’affiche sur les smartphones dans la langue locale de leur choix comme le bambara, le swahili ou encore l’espagnol, afin de faciliter des échanges commerciaux de proximité. Ce développement local de la Net-économie en quelque sorte, se situerait aux antipodes des modèles que proposent aujourd’hui les grandes firmes du numérique dans toutes les mégalopoles africaines.