Du 9 au 11 mai 2017, Conakry, la capitale guinéenne a accueilli le Symposium Mines Guinée (SMG 2017). L’événement, co-organisé par le ministère des mines et de la géologie et AME TRADE et intervenant notamment au terme d’un ensemble de réformes menées dans le secteur minier, est censé servir de vitrine de promotion à l’ensemble du secteur minier guinéen. A cette ocacsion le président de la commission mines de l’Assemblée nationale s’est prononcé , nous vous proposons l’intégralité de son discours.
Excellence Monsieur le Ministre des Mines et de la Géologie ;
Mesdames et Messieurs les membres du Cabinet ;
Mesdames et Messieurs les cadres du département ;
Chers invités ;
Tous protocoles observés
A l’entame de mes propos, à l’occasion de ce symposium minier, placé sous le thème assez illustratif suivant : « Secteur minier, levier de transformation de l’économie nationale au profit de tous les acteurs », je voudrais adresser mes remerciements les plus sincères à Son Excellence le Président de la République, le Pr Alpha Condé, qui, en dépit de son calendrier très chargé, a tenu à être à nos côtés lors de l’ouverture solennelle qui a eu lieu le lundi dernier.
A Monsieur le Ministre des Mines et de la Géologie, ainsi qu’à toutes celles, tous ceux qui ont œuvré à sa concrétisation, je tiens à adresser mes vives félicitations.
Je n’oublie pas aussi l’ensemble des participants à ce symposium. Lesquels, j’ose l’espérer vivement, ne manqueront pas d’apporter de la valeur ajoutée en y apportant leurs réflexions et leurs propositions.
Je dois dire que l’Assemblée nationale que j’ai l’honneur de représenter ici à travers la Commission des Mines, Industrie et Artisanat, est heureuse d’être associée à une aussi heureuse initiative. D’autant plus que le Président de la République, à travers les grandes reformes initiées depuis son accession à la magistrature suprême, a largement démontré combien de fois il tient à ce que la Guinée, notre pays, tire concrètement profit de la richesse de son sous-sol, dans une dynamique avantageuse pour tous, dans un esprit gagnant-gagnant. Cependant que ces reformes entreprises ne constituent pas une panacée, elles doivent donc être approfondies, voire poursuivies.
Il est évident que le Président de la République attend énormément de nous tous : Autorités de tutelle, Assemblée nationale, Investisseurs.
C’est pourquoi, ici et maintenant, vous me permettrez, Monsieur le Ministre, très chers participants, honorables et distingués invités, de m’attarder sur quelques constats, d’aborder succinctement quelques défis majeurs qu’il nous reste à relever tous à différents niveaux, tout en ponctuant tout cela de quelques suggestions, voire propositions concrètes.
La tâche qui nous incombe est certes exaltante, difficile, mais avec l’abnégation et l’engagement qui sont les nôtres, je ne doute pas un seul instant que nous pouvons l’accomplir avec dévouement et efficacité. Nous disons ainsi :
• Au niveau de la recherche géologique
La Géologie est en amont de toutes les activités de la recherche et de toute exploitation minière. Hélas, aujourd’hui, notre pays ne procède à aucune recherche géologique fondamentale. Ce qui est préjudiciable à notre économie nationale. Après un peu plus de 50 années d’indépendance, la cartographie de la Guinée est au 1/200 000ème dans ce domaine. Il n’y a que 6 000 Km de son territoire qui sont couverts à 1/100 000ème. La redynamisation de la Commission mixte Guinée-Russie et la relance de la coopération avec la France ou la collaboration avec le BRGM, afin de nous permettre de promouvoir la recherche géologique, est donc devenue une nécessité pour la relance du développement minier de notre pays. C’est le lieu de déplorer le fait que la génération d’ingénieurs géologues ayant effectué la recherche géologique sera prochainement admise à faire valoir ses droits à la retraite sans qu’il n’y ait eu auparavant une relève suffisamment assurée. Pendant que l’analyse des échantillons géologiques de notre pays est non seulement une nécessité économique, mais aussi une question de souveraineté nationale. La création d’un laboratoire pourrait à juste raison générer plusieurs millions de dollars pour notre pays.
• Au sujet de la mise à niveau des cadres :
La formation des cadres afin de les rendre compétitifs et leur permettre d’exercer des études de projets de même niveau que celles réalisées par les Cabinets internationaux s’avère indispensable et pourrait nous procurer un équilibre dans l’étude de nos Conventions minières face aux Experts internationaux. Il convient donc d’instituer un plan de développement des ressources humaines.
• Au sujet de l’octroi des permis :
Le Ministère des Mines et de la Géologie a pour vocation entre autres d’octroyer des Titres miniers. L’insécurité au Mali et au Burkina Faso doit être profitable à la Guinée dans le domaine minier. Nous devrons donc faciliter l’octroi des Permis en renforçant énormément le contrôle de l’exécution des travaux dans les concessions minières. Sans compter qu’il faille faciliter les rétrocessions et le respect de l’exécution des budgets des travaux de recherche. C’est le lieu de déplorer un grave relâchement dans le domaine du contrôle qui n’est pas dû à la volonté mais au manque d’équipements et de moyens financiers.
• A propos de l’exploitation artisanale de l’or :
Nous devons veiller à libéraliser et à règlementer cette activité avec un contrôle rigoureux afin de délimiter les blocs d’intérêts économiques sur le plan industriel et accorder ainsi les gisements marginaux aux exploitants artisanaux et aux communautés villageoises. Une mauvaise organisation de cette activité pourrait avoir des impacts négatifs sur les Sociétés minières industrielles et sur le revenu des populations des communautés villageoises.
Il y a lieu de mettre l’accent sur certains dysfonctionnements constatés qui sont entre autres les suivants :
• Absence d’uniformité des Conventions pour les mêmes types de substances, n’obéissant pas au strict respect du Code ;
• Déficit de promotion des exploitants privés guinéens
• Le manque de laboratoires d’analyse ne permettant pas à la partie guinéenne de connaitre la composition exacte des minerais exportés. Etant donné que ces minerais contiennent des fois d’autres substances telles le fer, le cuivre le plomb ;
• L’absence d’un musée de la géologie ;
• Le manque d’équipements de forage à la Direction de la Géologie ne lui permet pas de participer aux vastes programmes des sociétés de la place et de procéder à l’analyse des sols lors de la construction d’immeubles dans la capitale ;
• Le manque d’équipes de recherches organisées ne permet pas à la Guinée de découvrir de nouveaux gisements sur l’étendue du territoire national ;
• Le manque d’électricité et d’eau dans les villes abritant de grandes sociétés minières ;
• Veiller au respect strict des normes environnementales par les sociétés minières pour la protection des villes, des rivières, des nappes aquifères
• Une exploitation artisanale sauvage de l’or et du diamant engendrant plusieurs maux : pertes de recettes, destructions environnementales (forêts, pollutions de l’eau, déclin des mœurs) ;
• Le contrôle du respect strict des payements des droits et taxes fiscales aux localités abritant des entreprises minières ;
• L’insuffisance de mesures préventives dans le transport minier engendre hélas des accidents dommageables ;
• La non réhabilitation des périmètres exploités n’est pas sans engendrer des dommages fâcheux ;
• L’insuffisance d’infrastructures hospitalières susceptibles de prendre en charge la protection sanitaire des travailleurs et de leurs familles. C’est le lieu de saluer la réalisation de l’hôpital de Kamsar par CBG, géré actuellement par l’ANAIM, et qui aide énormément les populations, de remercier également RUSAL d’avoir octroyé à l’Etat guinéen un dispensaire équipé pour la lutte contre Ebola dans notre pays ;
• L’absence d’une Mine d’Etat ouverte, exploitée et gérée par des nationaux, dont les productions seront vendues par des experts guinéens, le marketing assuré par des guinéens…
Tout ce que nous venons d’énumérer ne peut se réaliser évidemment qu’avec des ressources financières conséquentes, des initiatives, des efforts des cadres du secteur pour la réussite du combat pour le développement minier. C’est pourquoi, nous disons que le paiement effectif des 15% de revenus sur les taxes minières à déposer au Fonds minier est une nécessité vitale pour le développement du secteur minier.
Monsieur le ministre, honorables députés, distingués cadres, sans avoir été exhaustif, je pense avoir néanmoins modestement contribué à enrichir la réflexion.
Je ne saurai terminer mon intervention sans renouveler mes remerciements au Chef de l’Etat, Président de la République, le Pr Alpha Condé, sans oublier encore une fois Monsieur le ministre des Mines et de la Géologie. Merci à tous pour l’aimable attention observée.
Conakry, le 09 mai 2017
Honorable Sinkoun Camara
Président de la Commission Mines