Depuis le lundi dernier, certains responsables du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG), ont poussés des enseignants à s’abstenir de dispenser des cours dans les classes . Cette grève a pris une autre tournure par le fait de certains élèves qui manifestent leur colère devant l’absence de leurs enseignants.
Des écoles jusque là épargnées ont été attaquées à coups de pierres. Devant cette chaude ambiance, un reporter de Guineematin.com est allé ce vendredi 17 novembre 2017, à la rencontre des responsables scolaires pour s’enquérir des mesures prises pour y faire face.
A l’image d’autres écoles de la capitale, certains enseignants du lycée Ahmed Sékou Touré de Matoto, « refusent » de venir donner les cours. Pour monsieur Sidiki Kouyaté, proviseur de ce lycée, cette démobilisation est une grève qui est partie d’une incompatibilité d’humeur entre les dissidents du SLECG et leurs autorités. Conscient tout de même de l’impact que cette grève pourrait causer, monsieur Kouyaté dit avoir pris certaines dispositions.
« Cette grève impacte au moins à 30% le déroulement normal des cours parce que aujourd’hui, il y a des professeurs qui ne viennent pas. Ils sont entre 5 à 6 enseignants qui ne viennent pas. Mais, on parvient quand-même à gérer les enfants et à les occuper chaque fois qu’il y a un professeur qui est absent. Tout le personnel de direction enseigne, il y a des professeurs de français parmi nous, il y a des professeurs de Mathématique. Moi-même, si ça ne va pas, je peux rentrer en classe pour tenir un cours de façon brillante », a-t-il expliqué.
Parlant des attaques dont sont victimes les écoles, monsieur Kouyaté dit qu’il avait pris des dispositions pour éviter ce genre de situation. « Généralement, les gens passent par des loubards pour lancer des pierres dans les écoles pour démobiliser les élèves. C’est ce qui s’est passé à Galéma la fois dernière. Pendant que les gens étaient en cours, ces 5 ou 6 loubards qui sont vénus lancer des pierres au sein de l’établissement. Nous, on a pris les devants, au jour d’aujourd’hui, chaque jour je prépare 200 jeunes qui font la ceinture de l’école. Ce sont nos sécurités. C’est pour prévenir ces éventualités, parce que quand le loubard sait qu’il y a quelqu’un qui l’attend, il va freiner », a-t-il dit.
Au lycée Léopold Sedar Senghor, ex lycée Yimbaya, le proviseur Balla Diarra, a dit que « depuis 24 heures, les enfants ont été surpris alors qu’ils étaient en plein cours par des assaillants qui sont venus nous attaquer. Dieu merci, il n y a pas eu de blessés. Mais, les enfants ont quitté très apeurés. Depuis lundi toutes les classes étaient occupées par les enseignants, ce qui voulait dire que le mot de grève qui a été lancé par les dissidents du SLECG n’a pas été suivi. Ce matin, il n’y avait qu’une vingtaine d’élèves qui s’est présentée et puis, aux environs de 8h30 seulement, pendant que les professeurs étaient là en grand nombre. Donc, au vu de ce qui se passe dans les écoles maintenant, je me suis dit que les parents ont préféré gardés leurs enfants à la maison », a-t-il laissé entendre, l’air très triste.
Par ailleurs, monsieur Diarra a invité le gouvernement à dialoguer avec les syndicalistes, afin d’aider les élèves à reprendre les cours de manière sereine. « Je souhaite que les autorités à tous les niveaux, trouvent un chemin d’entente avec ces dissidents-là. Parce qu’il est plus facile de détruire que de construire », a-t-il souhaité.
Egalement interrogé par Guineematin.com, Daouda Doumbouya, Directeur Communal de l’Education de Matoto a déploré la violence qui commence à gagner le système éducatif guinéen. En ce qui concerne sa commune, il dit avoir véhiculé des messages de sensibilisation à travers une réunion qu’il a tenu avec les cadres de l’éducation de Matoto. « J’ai dit aux chefs d’établissements que nous sommes tous syndiqués, nous sommes des enseignants. Mais, nous n’avons pas reçu d’autorisation ou l’avis de grève ni du SLECG, ni de l’intersyndicale. Je leur ai aussi dit de redynamiser leurs comités de défense », a-t-il expliqué.