Le président de la Confédération africaine de football (CAF), le Malgache Ahmad, « est interrogé par les autorités françaises », a indiqué la Fifa, jeudi 6 juin, alors que l’hebdomadaire Jeune Afrique évoque une interpellation pour rupture unilatérale de contrat avec un équipementier sportif.
« Ahmad a été interpellé ce jeudi matin vers 8h30 à l’hôtel de Berri, à Paris, pour être entendu par les services de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclif) », pouvait-on lire ce jeudi 6 juin au matin sur le site internet de Jeune Afrique.« Selon nos informations, cette interpellation serait liée au contrat rompu unilatéralement par la CAF avec l’équipementier allemand Puma pour s’engager avec la société Technical Steel, basée à La Seyne-sur-Mer », poursuit l’organe de presse.
« Ce sont des mensonges ! »
« Une signature de contrat qui, selon l’ex-secrétaire général de l’instance continentale Amr Fahmy, aurait été favorisée par la proximité entre Ahmad et un des dirigeants de l’entreprise française, et dont le surcoût atteindrait 830 000 dollars (739 000 euros) », écrit toujours Jeune Afrique.
Dans une interview à paraître mardi 11 juin dans le hors-série spécial CAN 2019 de l’hebdomadaire français France Football, Ahmad donnait sa version des faits : « Ce sont des mensonges ! En 2017, pour le Championnat d’Afrique des nations, la CAF n’avait plus d’équipementier. Il a fallu en trouver un en urgence. Avec Puma, vu le délai, il n’y avait pas la certitude d’être livré à temps. J’ai alors réalisé l’étendue de la corruption à la tête de notre service marketing en charge de ce dossier. J’ai alors alerté Adidas Egypte mais le stock était insuffisant. J’ai donc demandé à mon attaché (Loïc Gérand) de contacter une personne de sa connaissance dans ce secteur (Romuald Seilier, patron de Tactical Steel). Lui pouvait nous fournir. Dans ce dossier, personne n’a osé faire une magouille. »
Deux membres du comité exécutif de la CAF ont indiqué à RFI ce jeudi 6 juin après-midi que le président Ahmad a bien été auditionné dans le cadre d’une interpellation. Ce que confirme aussi Constant Omari, vice-président de la CAF et membre du Conseil de la Fifa, cité par le quotidien L’Equipe. « Effectivement, l’interpellation a eu lieu, avance Omari. À ce stade, la CAF attend de savoir exactement pour quel dossier Ahmad a été interpellé. Son avocate est avec lui. Nous sommes en train de suivre la situation. » Le président Ahmad se trouvait à Paris pour assister hier au congrès de la Fifa, qui a abouti à la réélection du président Gianni Infantino.
La Fifa n’est pas en mesure de « commenter »
Dans un communiqué daté de ce jour, la Fifa a réagi à cette information. L’instance du football mondial « prend note des évènements présumés concernant M. Ahmad, qui est interrogé par les autorités françaises » pour des « allégations liés à son mandat de président de la CAF ».
La fédération internationale ne connaît pas « les détails » de cette enquête, n’est pas en mesure de « commenter » et demande « aux autorités françaises toute information » qui pourrait intéresser son « comité d’éthique », soit la justice interne du football mondial.
Dans son communiqué, la Fifa dit aussi vouloir « éradiquer » tout ce qui relève de la malversation ou d’un comportement douteux « à tous les niveaux » du football. « Toute personne qui aurait commis des actes illicites ou illégaux n’a pas sa place dans le monde du football », insiste la Fifa.
Le comité d’éthique de la Fifa avait été saisi le mois dernier par le secrétaire général de la CAF, Amr Fahmy, sur des soupçons de corruption et de harcèlement sexuel à l’encontre d’Ahmad. Le secrétaire général a ensuite été limogé.