Brésil, Chine, Indonésie et Union européenne sont les zones où le potentiel d’action pour ne pas dépasser 1,5°C de réchauffement via une meilleure gestion des terres, en particulier des forêts, est le plus élevé, selon une étude publiée lundi.
Viennent ensuite l’Inde, la Russie, le Mexique, les Etats-Unis, l’Australie et la Colombie, d’après ces travaux parus dans Nature Climate Change qui déroulent une feuille de route pour réduire de 50% par décennie entre 2020 et 2050 les émissions liées à l’utilisation des terres. Soit une baisse de 85% d’ici 2050.
“Ces dix pays représentent environ 50% des émissions liées à l’utilisation des terres, leur action est donc essentielle”, a indiqué à l’AFP Stephanie Roe, auteure principale de l’étude.
L’utilisation des terres comprend la gestion des forêts (déforestation, reforestation), la préservation et la restauration d’autres milieux naturels (tourbières, mangroves, marécages, etc.) et les pratiques agricoles (agroforesterie, semences, engrais, gestion du fumier, entretien des pâturages, etc).
Cette étude a montré, souligne Stephanie Roe (Université de Virginie), que les réductions possibles de ces émissions ne se situent pas que “dans les forêts tropicales, qui concentrent beaucoup d’attention en raison de la déforestation, mais aussi dans les pays développés et émergents”.
Globalement, “une gestion durable des terres pourrait contribuer à hauteur de 30% à l’effort de réduction des émissions nécessaires pour atteindre l’objectif de maintenir la hausse des températures en dessous 1,5°C”, poursuit-elle.
“Actuellement, le secteur émet 11 GtCO2e (gigatonnes d’équivalent CO2) par an, soit environ 25% des émissions” mondiales, “avec cette feuille de route, il pourrait être neutre en termes d’émissions en 2040 et un puits de carbone net de 3GtCO2e par an en 2050”, indiquent les chercheurs dans un communiqué.
L’ensemble des actions préconisées permettraient en effet de réduire de 15 GtCO2e par an les émissions de gaz à effet de serre, 50% se faisant via des réductions d’émissions et le reste via une hausse du CO2 capturé par les milieux naturels.
La réduction des émissions serait faite en grande partie (4,6 GtCO2e/an) grâce à la préservation des forêts, des tourbières et des zones humides. Le reste de la baisse serait possible grâce à des pratiques agricoles vertueuses (1GtCO2e/an) et, à hauteur de 1,8 GtCO2e/an, grâce à une alimentation moins carnée (Etats-Unis, UE, Chine, Brésil, Argentine et Russie) et une réduction du gaspillage alimentaire.
Toutefois, souligne Charlotte Streck, co-auteure de l’étude, ces objectifs demanderont de profonds changements car “la déforestation a augmenté de plus de 40% depuis 2014 et la restauration des milieux naturels n’a fait que des progrès modestes”.