«Il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter», déclare Emmanuel Macron 

Au 113e jour de l’invasion russe en Ukraine, jeudi 16 juin, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le Premier ministre italien, Mario Draghi, sont arrivés dans la capitale ukrainienne pour apporter le soutien des Européens face à l’agression russe.

Les points essentiels :

► Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le Premier ministre italien, Mario Draghi ont pris un train spécial pour l’Ukraine. Ils doivent rencontrer le président ukrainien, Volodymyr Zelinsky, qui réclame le statut de candidat à l’UE.

► La Russie a accusé mercredi les forces de Kiev d’avoir empêché l’évacuation par un « couloir humanitaire » des civils se trouvant dans une usine de Sievierodonetsk, ville de l’est de l’Ukraine où les Russes poursuivent leur assaut. Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Sievierodonetsk et qu’elles ne  plus disposaient que de « voies de communication compliquées » après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.

► Le chef du Pentagone Lloyd Austin a appelé mercredi ses alliés à « intensifier » les livraisons d’armes aux Ukrainiens. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg avait assuré avant que les membres de l’Alliance allaient fournir davantage d’armes lourdes modernes à l’Ukraine, mais a averti que cela « demande du temps ».

► Le président chinois Xi Jinping a assuré mercredi son homologue russe Vladimir Poutine du soutien de Pékin en matière de « souveraineté » et de « sécurité » au cours d’un échange téléphonique, a rapporté un média d’État.

10h33 : Le Kremlin juge « futiles » les livraisons d’armes occidentales

Le Kremlin a jugé jeudi « futiles » les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine, au moment où le président français, le chancelier allemand et le Premier ministre italien sont à Kiev. « On aimerait espérer que les dirigeants de ces trois pays (…) ne vont pas se concentrer uniquement sur le soutien de l’Ukraine et les projets de continuer à l’inonder en armes. C’est tout à fait futile et ne fera qu’infliger davantage de préjudices à ce pays », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

10h14 : À l’Otan, les États-Unis pressent leurs alliés européens de ne pas « se relâcher »

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin et le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, lors de la réunion des ministres de la Défense à Bruxelles, le 16 juin 2022.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin et le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, lors de la réunion des ministres de la Défense à Bruxelles, le 16 juin 2022. AP – Olivier Matthys

Lors de la réunion de Bruxelles des ministres de la Défense de l’Otan et d’autres pays pour discuter et coordonner l’aide à l’Ukraine, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a déclaré que l’Ukraine était confrontée à un « moment crucial sur le champ de bataille » à Sievierodonetsk, les forces russes utilisant des armes à longue portée pour tenter de submerger les positions ukrainiennes. Lloyd Austin a exhorté l’Amérique et ses alliés à ne pas « se relâcher et à ne pas s’essouffler » et à « intensifier notre engagement commun en faveur de l’autodéfense de l’Ukraine ».

Avant la réunion, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, avait déclaré que les alliés continueraient de fournir à l’Ukraine des armes lourdes et des systèmes à longue portée, et qu’un accord sur un nouveau paquet d’aide à Kiev était attendu lors du sommet de Madrid à la fin du mois. L’accord aidera l’Ukraine à passer des armes de l’ère soviétique à des équipements « plus modernes conformes aux normes de l’Otan », a-t-il déclaré.

09h59 : Dans les territoires conquis du sud de l’Ukraine, la russification à pas rapides

 

Des militaires russes marchent près du panneau de bienvenue "Marioupol", qui a été peint aux couleurs du drapeau russe, à l'entrée de Marioupol le 12 juin 2022.
Des militaires russes marchent près du panneau de bienvenue « Marioupol », qui a été peint aux couleurs du drapeau russe, à l’entrée de Marioupol le 12 juin 2022. AFP – YURI KADOBNOV

 

Marioupol, Berdiansk, Melitopol, Kherson…  Dans ces villes et ces régions conquises depuis « l’opération spéciale » en Ukraine, comme dit le Kremlin, la Russie met en place très rapidement ses responsables et ses institutions. De nouveaux maires sont en poste, la monnaie commence à être changée et depuis quelques jours, des passeports russes sont distribués.

► À lire ici : Dans les territoires conquis du sud de l’Ukraine, la russification à pas rapides

09h37 : Emmanuel Macron à Irpin pour saluer « l’héroïsme » des Ukrainiens

 

Le président français Emmanuel Macron lors de sa visite aux côtés du chef du gouvernement italien Mario Draghi, du chancelier allemand Olaf Scholz et du président roumain Klaus Iohannis à Irpin, près de Kiev, le 16 juin 2022.
Le président français Emmanuel Macron lors de sa visite aux côtés du chef du gouvernement italien Mario Draghi, du chancelier allemand Olaf Scholz et du président roumain Klaus Iohannis à Irpin, près de Kiev, le 16 juin 2022. REUTERS – MARKO DJURICA

 

Le président français Emmanuel Macron a salué « l’héroïsme » des Ukrainiens, à l’issue d’une brève visite d’Irpin, une des banlieues de Kiev dévastées dans les premières semaines de l’invasion russe de l’Ukraine. « Aujourd’hui, il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter, nous sommes aux côtés des Ukrainiens et des Ukrainiennes sans ambiguïté », a-t-il déclaré.

« On a tous vu ces images d’une ville dévastée, qui est à la fois une ville héroïque puisque c’est ici, entre autres, que les Ukrainiens ont arrêté l’armée russe qui descendait sur Kiev. Donc il faut se représenter l’héroïsme de l’armée, mais aussi de la population ukrainienne », a souligné le président français, qui était accompagné des dirigeants allemand Olaf Scholz, italien Mario Draghi, et roumain Klaus Iohannis.

9h25 : La Slovaquie donne des hélicoptères et des roquettes Grad à l’Ukraine

La Slovaquie a fait don à l’Ukraine d’un hélicoptère Mi-2, de quatre hélicoptères Mi-17 et de milliers de roquettes Grad, a annoncé jeudi le ministre de la Défense Jaroslav Nad sur son compte Facebook. « Cette assistance à l’Ukraine, de même que toutes les fournitures précédentes, sera remboursée par la Facilité européenne de paix, ce qui est une expression forte de la solidarité de l’Union européenne avec l’Ukraine », a ajouté Jaroslav Nad.

Le ministre a ajouté que l’Ukraine utilisait déjà les équipements donnés et que les hélicoptères avaient été remplacés par des UH-60M Black Hawks. Selon le ministère de la Défense, la Slovaquie a fait don à l’Ukraine d’équipements militaires d’une valeur de 154 millions d’euros depuis le début de la guerre, le 24 février.

La Facilité européenne de paix est un instrument financier hors du budget commun de l’UE et doté de cinq milliards d’euros. L’UE a décidé après l’invasion russe de l’Ukraine de l’utiliser pour financer la livraison d’armes à l’Ukraine, une première pour un pays victime d’une guerre.

08h55 : Macron, Scholz et Draghi à Irpin, une des banlieues détruites de Kiev

 

Le président roumain Klaus Iohannis, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre italien Mario Draghi à Irpin, le 16 juin 2022.
Le président roumain Klaus Iohannis, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre italien Mario Draghi à Irpin, le 16 juin 2022. REUTERS – POOL

 

Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi se sont rendus jeudi matin à Irpin,  une des villes de la banlieue de Kiev devenue symbole des destructions et atrocités commises pendant l’occupation de la région par l’armée russe en mars, a constaté l’AFP sur place.

Les dirigeants ont posé à leur guide des questions sur le retour des habitants de la ville et les travaux de reconstruction prévus, avant de visionner une vidéo de quelques minutes montrant Irpin il y a trois mois, au plus fort des combats. Sur les murs d’un bâtiment détruit, on pouvait lire « Make Europe Not War » (Faites l’Europe, pas la guerre). Une inscription que Macron a vue et commentée : « C’est le bon message (…) c’est très émouvant de voir ça », a-t-il déclaré.

08h44 : La situation dans la région de Sievierodonetsk

Les combats se concentrent toujours sur Sievierodonetsk et Lyssytchansk, deux villes voisines clé pour le contrôle du Donbass, à l’est de l’Ukraine. Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes voisines clé pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants et dont la plupart des infrastructures n’existent plus. Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Sievierodonetsk, et ne plus disposer que de « voies de communication compliquées » après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.

Dans son analyse quotidienne, le ministère de la Défense britannique analyse que « l’Ukraine a probablement réussi à retirer une grande partie de ses troupes de combat, qui tenaient initialement la ville. La situation reste extrêmement difficile pour les forces ukrainiennes et les civils restés à l’est de la rivière. Les ponts ayant vraisemblablement été détruits, la Russie devra maintenant soit effectuer une traversée du fleuve, soit avancer sur ses flancs actuellement bloqués pour transformer un gain tactique en avantage opérationnel ».

« Comme l’affirment les autorités ukrainiennes, certains groupes tactiques de bataillons russes – qui comptent généralement entre 600 et 800 personnes – n’ont pu rassembler que 30 soldats. Pour les deux camps qui se battent dans les villes contestées, le combat en première ligne devrait de plus en plus se résumer à de petits groupes opérant généralement à pied, estime le ministère qui s’appuie sur des informations des renseignements. Certains des atouts de la Russie, tels que son avantage en nombre de chars, perdent de leur pertinence dans cet environnement. Cela contribue probablement à la lenteur persistante de sa progression. »

Des informations que semble confirmer l’analyse de l’Institute for the study of war (ISW) : « Les forces russes ont lancé des assauts terrestres à Sievierodonetsk et dans les localités voisines, mais n’ont pas pris le contrôle total de la ville au 15 juin », pointe le think tank américain.

 

« Les forces russes ont lancé des opérations offensives largement infructueuses autour de l’autoroute T1302 Bakhmout-Lyssytchansk dans le but de couper les lignes de communication terrestres (GLOC) ukrainiennes vers Lyssytchansk », ajoute-t-il.

08h04 : Le président roumain Iohannis Klaus est également à Kiev

 

La visite en Ukraine des dirigeants français, allemand et italien intervient plusieurs semaines après celles d’autres responsables étrangers qui s’y sont rapidement succédé pour marquer leur soutien à Kiev après l’invasion russe. La première, le 15 mars, fut une visite conjointe des Premiers ministres polonais, tchèque et slovène. A son issue, le chef du gouvernement polonais, Mateusz Morawiecki appelle l’Union européenne à « très rapidement donner à l’Ukraine le statut de candidat » à l’adhésion.

Le 9 avril, le chef du gouvernement britannique, Boris Johnson, est le premier dirigeant du G7 à se rendre à Kiev. Boris Johnson est filmé déambulant dans les rues de la capitale ukrainienne avec le président Volodymyr Zelensky. Il dit vouloir montrer le « soutien indéfectible » de son pays, rendant hommage à l’armée ukrainienne pour « le plus grand fait d’armes du 21e siècle ».  « Cette visite est une manifestation du soutien décisif, fort et constant du Royaume-Uni à l’Ukraine. Nous l’apprécions et nous nous en souviendrons toujours », salue Volodymyr Zelensky.

La veille de la visite de Boris Johnson, c’est la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui fait le déplacement le 8 avril. « Nous sommes avec vous quand vous rêvez d’Europe », déclare-t-elle. « La Russie va sombrer dans la décomposition économique, financière et technologique, tandis que l’Ukraine marche vers un avenir européen ». Ursula von der Leyen retourne à Kiev le 11 juin, promettant une réponse rapide sur sa demande de statut de candidat à l’UE.

Autre haut responsable de l’UE, le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est lui aussi rendu en Ukraine. « L’Histoire n’oubliera pas les crimes de guerre qui ont été commis ici », déclare-t-il notamment lors d’une première visite le 20 avril. Sa deuxième visite, le 9 mai à Odessa, est mouvementée : il doit s’abriter un moment à cause de frappes russes sur cette grande ville portuaire du sud du pays.

Le 28 avril, des missiles russes avaient également frappé Kiev en pleine visite du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, « choqué », selon un porte-parole.

Si le président américain Joe Biden ne s’est pas encore rendu en Ukraine, son épouse Jill y a fait une brève visite surprise le 8 mai, rencontrant la Première dame ukrainienne Olena Zelenska dans une école proche de la frontière slovaque. « Le peuple américain se tient aux côtés du peuple ukrainien », a-t-elle assuré. Le même jour, le Premier ministre canadien Justin Trudeau se rend à Kiev et affirme que le président russe Vladimir Poutine « devra rendre des comptes ».

07h23 : Scholz s’engage à aider l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra »

Le chancelier allemand Olaf Scholz, arrivé jeudi à Kiev avec son homologue italien Mario Draghi et le président français Emmanuel Macron, s’est engagé à aider l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra », dans une interview au quotidien Bild. Durant cette visite, « nous ne voulons pas seulement manifester notre solidarité, nous voulons aussi assurer que l’aide que nous organisons – financière, humanitaire, mais aussi lorsqu’il s’agit d’armes – se poursuivra », a-t-il souligné. « Nous la poursuivrons aussi longtemps qu’il le faudra pour la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine », a-t-il ajouté dans cet entretien publié au moment où les trois dirigeants sont arrivés à Kiev après un voyage en train de nuit.

Emmanuel Macron a également fait une courte déclaration à son arrivée à Kiev. Le président français a dit être venu adresser « un message d’unité européenne aux Ukrainiens et aux Ukrainiennes, de soutien ». « On va retrouver le président Zelensky maintenant pour à la fois nous rendre sur un site de guerre où des massacres ont été commis et ensuite pour pouvoir conduire les entretiens qui sont prévus avec le président Zelensky », a-t-il déclaré à la presse. « Je pense que c’est un moment important », a ajouté le président français.

07h09 : Mario Draghi, Olaf Scholz et Emmanuel Macron sont à Kiev

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi arrive à son hôtel à Kiev, le 16 juin 2022.
Le chef du gouvernement italien Mario Draghi arrive à son hôtel à Kiev, le 16 juin 2022. AP – Ludovic Marin
Le chancelier allemand Olaf Scholz escorté à son arrivée à la gare de Kiev, le 16 juin 2022.
Le chancelier allemand Olaf Scholz escorté à son arrivée à la gare de Kiev, le 16 juin 2022. AP – Ludovic Marin
Le président français Emmanuel Macron sur le quai de la gare à Kiev, le 16 juin 2022.
Le président français Emmanuel Macron sur le quai de la gare à Kiev, le 16 juin 2022. AP – Ludovic Marin

06h56 : Environ 10 000 civils toujours présents à Sievierodonetsk

Environ 10 000 civils sont encore présents dans la ville de Sievierodonetsk, ville clé du Donbass dont les Russes tentent de s’emparer depuis des semaines, a indiqué jeudi Serhiy Haidai, le gouverneur de la région de Louhansk, sur la messagerie Telegram. La ville, sous bombardements constants et dont les trois ponts qui la reliaient à la ville voisine de Lyssytchansk sont désormais détruits, comptait 100 000 habitants avant le début de l’invasion russe le 24 février.

Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Sievierodonetsk, et ne plus disposer que de « voies de communication compliquées » après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk.

Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l’usine chimique Azot avec plus de 500 civils à l’intérieur, selon le maire Oleksandre Striouk. Moscou a proposé mardi un « couloir humanitaire » qui permettrait d’évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, mais Kiev ne l’a pas confirmé. Et la Russie a accusé mercredi les forces de Kiev d’avoir empêché cette opération.

06h40 : Macron, Scholz et Draghi ont pris un train ensemble pour Kiev

 

Le président français Emmanuel Macron (centre), le chancelier allemand, Olaf Scholz (à dr.), et le Premier ministre italien, Mario Draghi (à g.), font route en train, ce jeudi 16 juin, vers Kiev pour apporter le soutien des Européens à l'Ukraine.
Le président français Emmanuel Macron (centre), le chancelier allemand, Olaf Scholz (à dr.), et le Premier ministre italien, Mario Draghi (à g.), font route en train, ce jeudi 16 juin, vers Kiev pour apporter le soutien des Européens à l’Ukraine. AFP – LUDOVIC MARIN

 

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Après un voyage à bord d’un train spécial, Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi, sont arrivés jeudi matin à Kiev en Ukraine, selon la chaîne de télévision allemande ZDF et le quotidien italien La Repubblica. Ils se sont retrouvés « durant la nuit » à Rzeszow, ville du sud-est de la Pologne qui dispose d’un aéroport international, avant de poursuivre leur route en Ukraine en direction de Kiev, précise ZDF.

rfi