Le risque de démence augmente radicalement chez le chien dès l’âge de 10 ans

Une étude américaine révèle que les chiens âgés de plus de dix ans voient leur risque de développer un dysfonctionnement cognitif canin augmenter radicalement ensuite chaque année.

Des signes cliniques proches de ceux de la maladie d’Alzheimer

Selon Santé publique France, 1,2 million de Français étaient touchés par la maladie d’Alzheimer en 2014. Et les maladies neurodégénératives n’affectent pas seulement les humains. Ainsi, «la présentation clinique et histologique de la maladie d’Alzheimer et du dysfonctionnement cognitif canin chez le chien démontre de nombreuses similitudes«, assurent les biologistes dans leur nouvelle étude, publiée le 25 août 2022 dans la revue Scientific Reports.

Chez les chiens comme chez les humains, les fonctions cognitives déclinent avec l’âge. Les signes cliniques de ce déclin comprennent un déficit d’apprentissage et de mémoire, des difficultés à se repérer dans l’espace, des interactions sociales altérées et un sommeil perturbé.

L’équipe de recherche de l’Université de Washington s’est basée sur un échantillon solide de 15.019 chiens afin d’évaluer la prévalence du dysfonctionnement cognitif canin en épluchant les résultats de deux questionnaires complétés par les propriétaires. L’un d’entre eux permettait notamment d’indiquer si le chien peinait désormais à reconnaître des personnes qui lui sont familières. L’autre questionnaire prenait davantage en compte le style de vie de l’animal ainsi que ses antécédents médicaux.

+52 % de risques pour chaque année supplémentaire

Pour établir leur modèle mathématique, les chercheurs ont donc pris en compte l’âge, la stérilisation, les problèmes de santé, la race et le niveau d’activité. «En tenant compte de toutes ces autres caractéristiques, les probabilités de dysfonctionnement cognitif canin augmentaient de 52 % avec chaque année d’âge supplémentaire«, soulignent les auteurs de cette nouvelle étude.

Ces travaux révèlent par ailleurs que l’activité physique pourrait protéger les chiens d’une accélération du déclin cognitif. Ainsi, parmi les animaux du même âge, état de santé, type de race et statut de stérilisation, les risques de dysfonctionnement cognitif canin étaient 6,47 fois plus élevés chez les animaux qui n’étaient pas actifs par rapport à ceux qui étaient très actifs.

Déjà des observations réalisées chez l’humain ont montré «des associations inverses entre l’exercice et Alzheimer«. «Ces observations peuvent refléter une variété de mécanismes biologiques, y compris une réduction des cytokines (ndlr : des protéines) pro-inflammatoires dans le cerveau qui contribuent sinon aux dommages neuraux et à la mort, et une augmentation de la plasticité neurale«, précise l’étude. Un mécanisme similaire pourrait se retrouver chez le chien, mais il est aussi possible que les chiens soient moins actifs justement à cause de leur déficit cognitif. Cette étude montre aussi que «les chiens ayant des antécédents de troubles neurologiques, oculaires ou auditifs avaient un risque plus élevé» de développer un dysfonctionnement cognitif.

Ces résultats sont importants et peuvent guider les vétérinaires. Et si mieux comprendre le déclin cognitif chez le chien pourrait permettre de mieux le comprendre aussi chez l’humain, cela pourrait surtout offrir une prise en charge précoce et adaptée de ces animaux.