La sonde Europa Clipper de la Nasa a décollé lundi 14 octobre des États-Unis en direction d’une lune de Jupiter, afin de révéler si elle réunit les conditions qui lui permettraient d’abriter de la vie dans son océan. Une découverte dont les implications seraient vertigineuses.
Le décollage a eu lieu à bord de la puissante fusée Falcon Heavy de SpaceX depuis le centre spatial Kennedy, en Floride. La National Aeronautics and Space Administration (Nasa) a, par la suite, confirmé avoir reçu un premier signal de la sonde, qui « fonctionne comme prévu ».
Son voyage sera long : Europa Clipper atteindra Europe, l’une des nombreuses lunes de Jupiter, en avril 2030. Il s’agit d’un monde que l’agence spatiale américaine n’a encore jamais observé de façon aussi détaillée : sous sa surface glacée se trouve un océan d’eau liquide, pensent les scientifiques. « Europe est l’un des endroits les plus prometteurs pour chercher de la vie au-delà de la Terre », a souligné lors d’une conférence de presse Gina DiBraccio, responsable à la Nasa.
La mission ne cherchera pas directement des signes de vie mais répondra à la question de l’habitabilité : Europe, qui fait à peu près de la taille de notre Lune mais pourrait contenir deux fois plus d’eau que la Terre, renferme-t-elle les ingrédients qui permettraient à la vie d’y être présente ? Si c’est le cas, alors une autre mission devra s’y rendre pour tenter de la détecter.
Les premières images rapprochées d’Europe, dont on connaît l’existence depuis 1610, ont été réalisées par les mythiques sondes Voyager en 1979, qui ont révélé les mystérieuses lignes rougeâtres striant sa surface. Elle a ensuite été survolée par la sonde Galileo dans les années 1990, qui a confirmé la présence très probable d’un océan.
Cette fois, Europa Clipper emporte de nombreux instruments ultrasophistiqués : caméras, spectrographe, radar, magnétomètre… La mission doit permettre de déterminer la structure et la composition de sa surface glacée, la profondeur et même la salinité de son océan, ainsi que la façon dont les deux interagissent, pour savoir par exemple si l’eau remonte à la surface par endroits. Le tout afin de comprendre si les trois ingrédients nécessaires à la vie sont bien présents : l’eau, l’énergie et certains composés chimiques.
Un voyage de 2,9 milliards de kilomètres pour un possible nouveau paradigme
En cinq ans et demi de voyage pour atteindre Jupiter, la sonde parcourra 2,9 milliards de kilomètres. À partir de son arrivée, la mission principale durera quatre ans. La sonde effectuera 49 survols proches au-dessus d’Europe, jusqu’à 25 kilomètres de la surface. Elle sera alors soumise à d’intenses radiations, l’équivalent de plusieurs millions de radio du thorax à chaque passage.
Quelque 4 000 personnes ont travaillé depuis environ une décennie sur la mission, dont le coût est de 5,2 milliards de dollars. Un investissement justifié par l’importance des données à récolter, selon la Nasa.
rfi