A peine lancé par la Russie, le premier satellite angolais ne répond déjà plus

    La Russie a perdu le contact le 27 décembre dernier avec le premier satellite angolais de télécoms lancé depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. Les experts russes et angolais espèrent toujours pouvoir rétablir la liaison avec l’appareil. En attendant, cette perte pose des questions à la fois en termes de responsabilités et d’impact sur le programme spatial russo-angolais.

    AngoSat 1 ne répond plus. L’antenne de l’appareil a-t-elle été endommagée ?  Est-ce la coiffe du lanceur qui ne s’est pas complètement détachée lors de la séparation du satellite et du dernier étage frégate de la fusée ukrainienne Zenit ? Les experts devront répondre à toutes ces questions si le signal n’est pas rétabli.

    « En termes de lancement, c’est la responsabilité du lanceur tandis que si le satellite a un problème, cela va être la responsabilité du maître d’oeuvre, explique Florence Sborowsky, chercheure à la fondation pour la recherche stratégique en charge des politiques spatiales à Lyon. Ce satellite a la particularité d’être issu d’une collaboration entre le Russe RKK Energia qui a développé le satellite et Airbus Defence And Space qui s’est occupé de la charge utile ».

    Il s’agit donc d’établir avec précision les responsabilités. Si elle se confirme, cette perte tombe mal pour l’industrie spatiale russe qui entendait relancer la plateforme de lancement automatisée Sea Launch, là aussi avec une fusée ukrainienne.

    « Il s’agit d’une plateforme avec un partenariat entre les Russes et les Américains, explique Isabelle Sourbès-Verger, géographe au CNRS de Bordeaux. L’idée était de relancer avec de nouveaux actionnaires, cette fois-ci russes, cette plateforme qui utilisait le même type de lanceur ukrainien avec des moteurs russes. Difficile de voir comment les compagnies d’assurance vont accepter de couvrir les nouveaux risques ».

    Revers spatiaux russes

    Selon un expert russe cité par l’AFP, AngoSat 1, dont la mission devait durer quinze ans, aurait passé plus de trois mois dans un entrepôt avant son lancement sans cesse repoussé. La disparition d’AngoSat 1 représente un nouveau revers après la perte embarrassante d’un autre satellite il y un mois, pour une industrie spatiale russe en pleine restructuration.

    « L’industrie spatiale russe se transforme, détaille Isabelle Sourbès-Verger. Cela fait plus d’une dizaine d’années que le phénomène a été lancé. Il s’agit d’une industrie héritée de l’Union soviétique, avec ses points faibles, à savoir la vétusté de la production industrielle. Il y a aussi un manque de rigueur concernant les contrôles de qualité, qui n’étaient pas une procédure courante en URSS ».

    « On a complètement restructuré le secteur, poursuit la géographe. L’agence Roscosmos n’existe plus. Une structure différente, également nommée Roscomos, gère l’aérospatiale russe mais il s’agit d’une maison commune dans laquelle sont regroupées toutes les industries spatiales russes. La période d’adaptation est rendue sans doute encore plus délicate par l’apparition de nouveaux processus industriels ».

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