Le pape François a poussé samedi un cri d’alarme face à « la déforestation excessive » de l’île de Madagascar qu’il visite, suggérant à ses autorités de créer des emplois respectueux de l’environnement pour sortir la population d’une précarité parfois « inhumaine ».
Dès son premier discours sur le territoire malgache, un des pays les plus pauvres au monde, le souverain pontife est entré dans le vif du sujet en encourageant ses responsables politiques, civils et religieux à lutter contre « la corruption et la spéculation qui augmentent la disparité sociale ».
Il faut « affronter les situations de grande précarité et d’exclusion qui produisent toujours des conditions de pauvreté inhumaine », a prôné celui que l’on appelle le « pape des pauvres ».
Notre planète, notre maison commune
Très sensible à la préservation de la planète qu’il qualifie de « maison commune », le pape s’est montré préoccupé par « la déforestation excessive au profit de quelques-uns » qui sévit sur la Grande île.
Feux de forêts, braconnage, coupe effrénée d’essences précieuses, exportations illégales de bois: les causes sont multiples, a énuméré le pape. Et pour lui, « cela compromet l’avenir du pays ».
« Environ 200.000 hectares par an de forêts sont perdus chaque année au Madagascar », estime Philip Boyle, l’ambassadeur britannique dans la grande île, qui a écouté le discours du pape. Certains prédisent « la disparition de la majorité de la forêt tropicale humide d’ici à 2040 », ajoute-t-il.
Le pape a symboliquement planté un baobab, juste devant le pavillon où il a prononcé son discours.
Le gouvernement, confronté aux feux de forêt et de savane allumés par des paysans, entend les sensibiliser contre cette pratique illégale.
« La corruption et les inégalités nous indignent! », a déclaré pour sa part le cardinal Désiré Tsarahazana, président de la Conférence épiscopale de Madagascar, qui a aussi rencontré le pape samedi avec tous les évêques de l’île. « L’insécurité reste toujours très préoccupante », a-t-il déploré.
Samedi soir, le pape est allé à la rencontre des jeunes, tranche d’âge majoritaire du pays, pour une veillée de prière dans un champ aménagé de 60 hectares où se sont massées 100.000 personnes, selon les organisateurs.
Njara Raherimana, un étudiant de 17 ans, a confié à l’AFP avoir fait 100 kilomètres pour recevoir « une bénédiction du pape pour affronter la dure réalité de la vie, l’insécurité, la pauvreté, la corruption ».